Le mot « dysplasie » signifie « anomalie du développement ». La dysplasie de la hanche est une déformation de l'articulation de la hanche (articulation coxofémorale) qui se produit pendant le développement, c’est à dire pendant la période de croissance de l'animal. La dysplasie de la hanche n’est pas une atteinte congénitale : les chiens atteints sont nés avec des hanches morphologiquement normales. Au cours des premières semaines de vie, les tissus mous stabilisateurs de l’articulation de la hanche (ligament, capsule) se relâchent et apparaît une laxité anormale de l’articulation. La tête fémorale se déforme, s’aplatit et la cavité articulaire (cotyle) s’évase. La tête fémorale ne correspond plus avec la cavité articulaire. Tous les chiens dysplasiques développent une dégénérescence arthrosique coxofémorale secondaire. La dysplasie affecte généralement les deux hanches.
La dysplasie de la hanche est une atteinte d’origine principalement génétique, mais des facteurs environnementaux comme l'obésité durant le jeune âge, la prise de poids et l’exercice intense peuvent favoriser l’expression clinique chez des animaux génétiquement atteints.
Certaines races sont plus à risque que d’autre d’un point de vue génétique : Parmi celles-ci les Bergers allemands, Labrador Retrievers, Golden Retrievers , Rottweilers, St Bernard, Bouvier Bernois et Bobtails par exemple.
Les estimations actuelles indiquent que plus d'une centaine de gènes codent pour la dysplasie de la hanche . Il est important de comprendre que les facteurs environnementaux sont incapables de provoquer une dysplasie de la hanche, mais ils vont favoriser l’expression clinique de la dysplasie chez un animal génétiquement porteur. Il n’y a à ce jour aucune preuve appuyant le concept selon lequel un exercice excessif durant la croissance contribue au développement de la dysplasie de la hanche.
Les conséquences de la dysplasie de la hanche
La dysplasie de la hanche se développe chez les jeunes chiens en croissance. Elle affecte plus souvent les chiens de race moyenne grande ou géante mais les petits chiens ou les chats peuvent également être touchés.
Certains signes sont présents cliniquement dès quatre à six semaines d’âge. Le plus souvent la maladie est diagnostiquée entre 6 et 12 mois. Cependant, il n’existe aucune corrélation entre l'âge et la gravité de cette pathologie. Un très jeune chiot peut être handicapé très tôt. D’autres chiens peuvent ne pas présenter de signes cliniques avant 1 à 2 ans. Certains chiens ne présentent ni douleur ni boiterie avant 6 à 10 ans.
Les signes d’appel sont les suivants :
- boiterie postérieure
- manque de coordination sur les postérieurs
- réticence à courir et à sauter
- difficulté au coucher au au lever, à la montée d’escaliers
- démarche anormale
Il est rare que le chien présente des signes de douleur spontanée. En revanche la douleur coxofémorale est souvent observée en consultation.
La douleur est initialement causée par les lésions des éléments contentifs de la hanche, ensuite par les altérations du cartilage et les microfractures associées. L’érosion du cartilage progresse et la douleur arthrosique s’installe.
Le diagnostic de la dysplasie de la hanche
Le diagnostic de la dysplasie de la hanche résulte d’une collaboration entre les observations du propriétaire et le bilan de l’examen clinique réalisé par un orthopédiste vétérinaire. Votre vétérinaire habituel peut avoir repéré une démarche anormale ou une douleur coxofémorale lors d’un bilan annuel de santé et vous orienter à la clinique Vet24 pour un bilan complet.
Une consultation spécialisée est nécessaire si vous observer les signes suivants :
- raideur
- intolérance à l’exercice
- difficultés au relever ou au coucher
- difficulté à monter les escaliers, à sauter dans la voiture
- démarche anormale
- boiterie sur un ou les deux postérieurs
- douleur spontanée
La consultation spécialisée orthopédique à la clinique Vet24 a pour but la réalisation d’un examen approfondi afin de dépister la dysplaxie coxofémorale, la grader et proposer les traitements adaptés.
Le diagnostic nécessite la réalisation d’un bilan radiologique sous légère tranquillisation. Des radiographies sont réalisées sous différentes incidences, avec et sans distraction. Les radiographies avec distraction permettent de mesurer le degré de laxité articulaire, élément clef dans l’appréciation de la dysplasie de la hanche car il conditionne les modalités de traitement.
La tranquillisation permet de mesurer l’instabilité de la hanche par la présence ou non d’un signe d’Ortolani (ressaut de la hanche lié à sa laxité) ou de Barlow.
Dans certains cas, un examen scanner est nécessaire afin d’apprécier le degré de recouvrement de la tête fémorale et d’effectuer une étude anatomique approfondie. Tous les examens sont réalisés par une équipe hautement qualifiée et expérimentée qui maîtrise les techniques de tranquillisation et d’imagerie médicale.
Traitements de la dysplasie de la hanche
Il existe aujourd’hui de nombreuses solutions médicales ou chirurgicales pour restaurer la mobilité de votre compagnon et améliorer son confort. Le type de traitement proposé dépend de nombreux facteurs incluant l’âge et le degré d’atteinte du patient.
Traitements non chirurgicaux
Le traitement médical et hygiénique de la dysplasie de la hanche est globalement le même traitement que celui de l’arthrose : contrôle du poids, suppléments nutritionnels, anti-inflammatoires et antalgiques, chondroprotecteurs, physiothérapie.
La gestion non-chirurgicale est recommandé chez les chiens dont la dysplasie de la hanche est découverte fortuitement.
Pour les chiens dont la dysplasie est responsable de symptômes cliniques, la réponse au traitement non chirurgical dépend de la sévérité de la douleur induite par la dysplasie.
À court terme, la plupart des chiens sont améliorés. Malheureusement les résultats ne sont pas durables et la majorité des chiens dysplasiques demandent à terme une restriction d’activité et un traitement médical au long court. Dans 9 cas sur 10, l’examen clinique vétérinaire révèle une douleur à la manipulation des hanches.
La clinique Vet24 vous propose une unité fonctionnelle de physiothérapie qui vous fournit un plan de physiothérapie-rééducation fonctionnelle adapté à votre compagnon.
Ce dernier inclut des séances au sein du centre (hydrothérapie, électrothérapie, ultrasons, massages…) et des exercices à réaliser chez vous avec votre compagnon. Des réévalutions régulières sont proposées de façon à réadapter les prescriptions à domicile.
Traitements chirurgicaux
Les traitements chirurgicaux sont divisés en deux grades catégories :
- les interventions correctrices
- les interventions de sauvetage
La symphysiodèse pubienne juvénile (SPJ)
La symphysiodèse pubienne consiste à induire une fusion prématurée de la symphyse pubienne, partie ventrale du bassin. La limitation induite de la croissance de la partie ventrale du bassin génère une amélioration du recouvrement de la tête fémorale par le cotyle (= réceptacle de la hanche).
Il s’agit d’une intervention mini-invasive ne laissant qu’une petite cicatrice entre les pattes arrières.
Le résultat de l’intervention repose sur la capacité de croissance résiduelle du patient : pour être efficace la symphysiodèse doit être réalisée avant l’âge de 5 mois chez des patients présentant une laxité articulaire coxofémorale légère à modérée.
La laxité est appréciée à partir de 3,5 mois (âge recommandé) et avant 5 mois par des examens cliniques et radiologiques spécialisés.
La SPJ est habituellement une intervention préventive. En effet, rares sont les chiens qui présentent des signes cliniques avant l’âge de 6 mois.
Il est préconisé de stériliser les chiens à potentiel dysplasique lors de la SPJ.
La triple ostéotomie du bassin ou triple ostéotomie pelvienne
La triple ostéotomie pelvienne est une procédure visant à augmenter le recouvrement de la tête fémorale par le cotyle (= cavité articulaire de la hanche). Elle consiste en une rotation de la partie du bassin supportant l’articulation de la hanche et en la fixation du segment concerné par une plaque vissée. La guérison osseuse nécessite généralement 4 à 6 semaines.
La triple ostéotomie pelvienne est indiquée chez des animaux dysplasiques qui ne présentent aucun remodelage secondaire et aucun signe d’arthrose précoce. L’indication n’est indiquée qu’après des examens préliminaires, cliniques et radiologiques. La triple ostéotomie pelvienne est donc indique chez le chien en croissance. Les meilleurs résultats sont obtenues pour des interventions réalisées entre 5 mois et 8 mois d’âge. En cas de doute sur l’intégrité articulaire, une arthroscopie peut être nécessaire pour examiner avec précision la hanche concernée.
La double ostéotomie pelvienne est une alternative chirurgicale. Les indications et les résultats sont comparables à la triple ostéotomie pelvienne.
La prothèse totale de hanche (PTH)
Le remplacement prothétique de la hanche est une procédure chirurgicale de pointe et ne doit être réalisée que par des chirurgiens orthopédiques expérimentés. Elle consiste à remplacer l'ensemble de l'articulation de la hanche. La tête fémorale est remplacée par un implant métallique supporté par une tige enchâssée dans le fémur. La cavité articulaire est remplacée par une cupule synthétique. Cette intervention est généralement réservée aux patients qui n’ont pas répondu aux autres traitements. Cette technique chirurgicale permet d’affranchir le patient dysplasique de toute douleur durant de nombreuses années. Le taux de réussite est de 90-95% Beaucoup de patients retrouvent leur niveau d’activité antérieur.
La résection-arthroplastie coxofémorale
La résection de la tête et du col fémoral est une intervention chirurgicale de sauvetage habituellement considérée uniquement dans les cas où la prothèse totale de hanche ne peut être envisagée. C’est le cas pour des raisons anatomiques particulières qui contre-indiquent la PTH, ou pour raisons financières.
Une pseudo-articulation se forme dans la plupart des cas, notamment chez les animaux de petit gabarit. Cette pseudo-articulation élimine les contacts osseux douloureux. La limite fonctionnelle est objectivée par une limitation de l’amplitude de mouvement. Le résultat clinique peut être imprévisible : pour cette raison, l’intervention n’est pas recommandée chez les chiens de grand gabarit.
une physiothérapie intensive est nécessaire après la résection-arthroplastie.
La dénervation de la hanche
La dénervation de la hanche est une technique chirurgicale palliative qui a pur but de limiter la douleur induite par la dysplasie de la hanche. Il s'agit d'une chirurgie antalgique qui est indiquée lors de dégénérescence arthrosique débutante à sévère. Cette intervention consiste en la suppression d'une partie de l'innervation sensitive de la capsule articulaire de la hanche. La dénervation ventrale de la hanche associée à la myectomie du pectiné est tout particulièrement indiquée lorsque le traitement médical est nécessaire en permanence.
Cette technique chirurgicale ne contre-indique pas la prothèse totale de hanche en cas de résultat clinique insuffisant ou en cas de progression de l’arthrose.
Après l'intervention, 94% des propriétaires sont satisfaits ou très satisfaits de l’amélioration clinique de leur animal, les anti-inflammatoires ne sont plus nécessaires de façon permanente.
L’implantation de billes d’or
L'implantation de billes d'or est une technique palliative antalgique qui permet de limiter l'administration d'anti-inflammatoires en cas de dysplasie coxofémorale. Le procédé est indiqué en cas d'arthrose modérée à sévère. Il ne s'agit pas d'une intervention chirurgicale en tant que tel mais d'une implantation sous contrôle radiologique de petites particules d'or au contact de la capsule articulaire de la hanche. Ces dernières détournent le système inflammatoire responsable de la douleur chez le patient arthrosique et améliorent ainsi le confort du patient. L'implantation est effectuée sous sédation profonde, de façon mini-invasive. Le patient sort de la clinique Vet24 quelques heures plus tard.