Qu'entend-on par hernie discale thoraco-lombaire?
Il s’agit d’une pathologie atteignant les disques intervertébraux au niveau thoraco-lombaire. Les disques intervertébraux sont des structures situées entre les os de la colonne vertébrale (vertèbres) qui agissent comme des amortisseurs. Ils sont constitués d'un centre mou (le noyau) à l'intérieur d'un anneau fibreux (l'anneau fibreux).
Les disques intervertébraux des chiens et des chats dégénèrent avec le vieillissement. Ce processus dégénératif se caractérise par une perte de leur capacité d’amortissement. Leur altération peut aboutir à un débordement plus ou moins marqué dans le canal rachidien. Le noyau central situé au centre du disque peut sortir de l'anneau fibreux, s’engager dans le canal rachidien (canal qui contient la moëlle épinière) et écraser la moelle épinière (c'est ce qu'on appelle une extrusion discale). Dans d’autres cas, l'anneau fibreux peut s'épaissir, déborder dans le canal et comprimer la moelle épinière (c'est ce qu'on appelle une hernie discale protrusive). Les deux types de hernie discale peuvent provoquer des douleurs dorsales et des lésions neurologiques.
Mon chien ou mon chat peut-il avoir une hernie discale ?
N'importe quel chien peut développer une hernie discale au niveau du dos, même si la pathologie est plus rare chez les chiens de moins de deux ans. Certaines races sont particulièrement prédisposées comme les teckels, les bouledogues et les pékinois. Le berger allemand est un chien de grande race qui souffre régulièrement de hernie discale protrusive.
Les signes peuvent se développer graduellement ou soudainement. Certains chiens peuvent être incapable de se déplacer en quelques minutes : la hernie discale aigue est une véritable urgence chirurgicale.
Les signes de hernie discale thoraco-lombaire vont de la dorsalgie (douleur au niveau du dos) aux lésions neurologiques les plus graves avec paralysie complète et irréversible.
Les signes de douleur peuvent être des jappements, des pleurs ou un dos voussé. Les signes plus subtils comprennent une réticence à sauter ou grimper et un abdomen tendu (mimant un ventre douloureux).
La compression de la moelle épinière engendrée par le matériel discal hernié peut causer des troubles neurologiques de gravité variable. Cela peut aller d’une légère faiblesse ou incoordination des pattes arrières (ataxie, démarche ébrieuse) jusqu'à la paralysie totale et l'incontinence. Dans les cas les plus graves, la capacité de ressentir de la douleur dans les membres postérieurs et la queue est perdue.
Cinq stades sont décrits :
- -Stade 1 : Douleur
- -Stade 2 : Ataxie, démarche ébrieuse
- -Stade 3 : Parésie avec préservation de la motricité volontaire (des mouvements sont encore présents mais ne permettent pas au patient de se tenir debout)
- -Stade 4 : Paralysie avec préservation de la sensibilité douloureuse profonde (le patient sent encore ses membres et les stimulations périphériques)
- -Stade 5 : Paralysie avec perte de la sensibilité douloureuse profonde (le patient ne sent plus ses membres et ne peut perçoit plus les stimulations périphériques)
Stade Neurologique | Etat clinique |
1 | Premier épisode de douleur sans déficit neurologique |
2 | Douleur récidivante et/ou déficit proprioceptif avec parésie ambulatoire |
3 | Parésie non ambulatoire |
4 | Plégie avec nociception conservée |
5 | Plégie sans nociception A : < 48 heures B : > 48 heures |
Quels sont les moyens de diagnostic?
Un examen neurologique est nécessaire afin d'évaluer la gravité des lésions de la moelle épinière. Il s'agit de tester de nombreux réflexes comme le réflexe rotulien (rotulien). Une vérification de la capacité du chien à ressentir de la douleur dans les membres postérieurs et la queue est également importante. L'examen permet souvent au spécialiste de localiser la zone de la colonne vertébrale qui est touchée.
Il existe de nombreuses autres causes de dorsalgie et de lésions nerveuses, en plus des hernies thoraco-lombaires. En conséquence, des examens complémentaires sont nécessaires pour confirmer une hernie discale et exclure d’autres pathologies.
Les radiographies conventionnelles ne constituent qu’un examen d’orientation et ne permettent généralement pas de mettre en évidence une hernie discale. Des investigations plus poussées sont nécessaires pour voir quel disque a effectivement « glissé » et évaluer la gravité de la compression de la moelle épinière.
Les radiographies avec produit de contraste (myélographie) ne sont plus utilisées aujourd’hui : les techniques d’imagerie en coupe fournissent de bien meilleurs résultats.
Parmi ces techniques d'imagerie de pointe, la tomodensitométrie (le scanner) est l’une des meilleures techniques de diagnostic.
Associée à une injection sous-thécale de produit de contraste (sous les méninges) - on parle dans ce cas de myéloscanner ou examen myélotomodensitométrique – elle constitue la méthode diagnostique la plus performante pour préciser la localisation du matériel discal et le degré de compression spinale induit.
Quels sont les traitements possibles ?
Les hernies discales peuvent causer des lésions graves de la moelle épinière. Les symptômes peuvent se développer très rapidement et les dégâts peuvent être irréversibles. C’est pourquoi certains patients doivent être traités en urgence.
1 Le traitement médical
Le traitement médical n’est indiqué que pour les stades I (douleur) voire II (déficits proprioceptifs, ataxie). Le risque d’aggravation des patients en stade II à III fait privilégier le traitement chirurgical d’emblée pour obtenir le meilleur résultat.
Le traitement médical consiste en l’administration d’anti-inflammatoires, d’antalgiques, de myorelaxants. La thérapie laser complète très efficacement le traitement médicamenteux. Le repos strict est nécessaire. Le but du traitement médical est de résoudre le phénomène inflammatoire associé à la compression spinale. Si le traitement médical n’entraîne pas rapidement une amélioration du patient, le traitement chirurgical est nécessaire.
2 La chirurgie
Les patients en stade 3, 4 et à fortiori 5 doivent bénéficier d’un traitement chirurgical dans les tous meilleurs délais et ne constituent pas une indication de traitement médical. Les patients en stade 1 ou 2 qui ne répondent pas au traitement médical sont amenés à bénéficier d’une intervention chirurgicale.
L’objectif de la chirurgie est de retirer tout le matériel discal qui comprime la moelle épinière ainsi que l’hématome associé. L’accès au canal rachidien est conditionné par la localisation du matériel discal, précisée par l’examen scanner préalable. Dans certains cas, une stabilisation (fusion) vertébrale est nécessaire, en particulier chez les grands chiens.
Quel est le pronostic pour une hernie discale thoraco-lombaire ?
Le pronostic dépend d'un certain nombre de facteurs, de la gravité de la lésion de la moelle, de la durée des lésions et de la façon dont la pathologie est traitée.
Le traitement conservatif peut être efficace dans les cas de douleurs dorsales. Malheureusement, certains chiens continuent à se détériorer avec cette approche, et une intervention chirurgicale s’avère nécessaire. Le taux de succès de la chirurgie est généralement élevé, à condition que le chien ait encore une perception de la douleur dans les membres postérieurs et que la moelle épinière n'ait pas été comprimée pendant une longue période (lésion de la moelle épinière chronique).
Les soins post opératoires constituent un aspect important de la gestion des hernies discales thoraco-lombaires. Les chiens qui sont incapables d'utiliser leurs membres postérieurs auront besoin d'aide pendant une période variable. Les chiens incontinents exigent des soins particuliers (sondage urinaire notamment). Des exercices de physiothérapie peuvent être utiles dans de nombreux cas.
La thérapie laser permet d’améliorer significativement les résultats postopératoires.