Qu’est ce que le ligament croisé antérieur ?
Le ligament croisé antérieur (LCA) est un ligament du genou qui assure la stabilité de l’articulation. Il évite l’avancée anormale du tibia lors de l’appui. Il croise le ligament croisé postérieur qui évite le recul du tibia lors de l’appui. Leur position respective explique leur appellation : les ligaments croisés.
Pourquoi y-a-t-il rupture du ligament croisé ?
On classe les rupture du ligament croisé en deux grandes catégories : les ruptures traumatiques, brutales et les ruptures partielles chroniques évolutives.
Les ruptures traumatiques sont analogues aux ruptures du ligament croisé connue chez l’homme. Les sportifs sont particulièrement touchés : le ligament cède lors d’un appui brutal associé à une rotation interne excessive. Ceci est fréquent chez le footballeur et le skieur.
On observe ce type de lésion principalement les animaux sportifs ou en cas d’accident (mauvaise chute par exemple) : chien de chasse, chien de travail, chute lors de course, chute chez le chat.
Les ruptures partielles chroniques évolutives affectent le chien et se caractérisent par une altération progressive de la structure ligamentaire. Ce dernier s’effiloche progressivement, génère un inflammation articulaire sévère et une évolution arthrosique marquée. Ces ruptures partielles chroniques sont favorisées par la conformation du grasset et notamment par une pente de plateau tibial importante. La pente de plateau tibial est le degré d’inclinaison de la surface tibiale proximale (supérieure) : au plus cette dernière est importante, au plus les contraintes exercées sur le ligament croisé pour la stabilisation naturelle du grasset sont importantes. Ceci explique la dégénérescence progressive de ce dernier. Certaines races, comme les labradors, les rottweilers, les boxers, les terre-neuve, les cane corso, les bouviers bernois, les jack russel sont beaucoup plus affectées que d'autres.
Est-ce que la rupture du ligament croisé fréquente chez les chiens ?
La rupture du ligament croisé antérieur est la cause la plus fréquente de boiterie du membre postérieur chez le chien. Elle n’est pas rare chez le chat, chez qui elle est généralement consécutive à un accident ou à une chute.
Les ruptures traumatiques surviennent à n’importe quel âge.
Les ruptures partielles chroniques peuvent s’installer sur des individus très jeunes, parfois dès l’âge d’un an. Elles sont souvent confondues avec d’autres troubles orthopédiques, notamment la dysplasie de la hanche.
Est-ce que la rupture du ligament peut être associée à d'autres problèmes de grasset ?
La rupture du ligament croisé antérieur entraîne une évolution arthrosique très précoce. Dès 4 semaines, les premiers signes d’arthrose s’installent.
Dans de nombreux cas, la rupture du ligament croisé est associé à des lésions méniscales. Les ménisques altérés peuvent être à l’origine d’une douleur très sévère qui répond peu aux anti-inflammatoires et aux antalgiques communément prescrits. La chirurgie est la seule solution qui permette de redonner le confort au patient et de limiter l’évolution arthrosique.
Parfois la rupture du ligament croisé est associé à une pente de plateau tibial excessive. Les forces subit par le ligament prédisposent ainsi à sa rupture. Le nivellement de plateau tibial est pleinement indiqué.
Quels sont les signes de rupture du ligament croisé antérieur ?
La rupture du ligament croisé antérieur est une atteinte entraînant une boiterie sur le membre postérieur. Les signes cliniques sont très variables.
La boiterie est d’apparition brutale, aiguë, sévère avec perte de l’appui lors de rupture d’origine traumatique.
La boiterie est insidieuse, progressive, plus marquée après le repos ou l’effort lors de rupture partielle. Souvent le propriétaire remarque d’ailleurs une fatigabilité mais ne décèle pas de véritable boiterie.
Lorsque l’atteinte est bilatérale, les principaux signes cliniques sont un report de poids sur les membres antérieurs, un dos voussé, une difficulté au lever ou à sauter. Les signes sont parfois discrets et le diagnostic nécessite une expertise clinique spécialisée.
Comment la rupture du ligament croisé est-elle diagnostiquée ?
Le type de boiterie oriente le clinicien. La perte de masses musculaires (amyotrophie) sur le membre oriente vers une atteinte chronique, de même que l’épaississement du genou en face interne. Certains propriétaires viennent d’ailleurs parfois à consulter après avoir palpé une « boule » en face interne du genou de leur chien.
L’articulation du grasset est invariablement gonflée et sensible à la manipulation, notamment en hyperextension. Le signe cardinal de la rupture du ligament croisé antérieur est la présence d’une instabilité avec une avancée anormale du tibia vers l’avant relativement au fémur : le signe du tiroir. Ce dernier est parfois objectivé plus facilement sous tranquillisation.
Le bilan radiologique est nécessaire. Il permet d’écarter d’autres atteintes articulaires, d’évaluer le degré d’arthrose, d’évaluer la conformation du grasset, de mesurer la pente d’inclinaison du plateau tibial.
Comment la rupture du ligament croisé peut-elle être traitée ?
Le gold standard du traitement de la rupture du ligament croisé antérieur est le traitement chirurgical. Le ligament croisé est fondamental pour la stabilité du genou et il est par conséquent nécessaire de veiller à sa substitution en cas de rupture.
Les traitements médicaux (anti-inflammatoires) peuvent apporter un soulagement transitoire mais ne permettent pas de limiter l’installation de l’arthrose. La limitation de l’activité permet de soulager le grasset par diminution de la sollicitation. La lutte contre le surpoids optimise le confort du patient. L’hydrothérapie est bénéfique et permet de soulager le patient en l’absence de lésion méniscale. Cette technique de physiothérapie facilite le développement des masses musculaires et renforce ainsi la stabilité du grasset.
Mais contrairement à ce qui est préconisé chez l’homme dans certains cas, la kinésithérapie ne suffit pas chez le chien car le port du genou est différent. En effet, une flexion permanente significative sollicite différemment le genou chez le chien.
Le traitement chirurgical est donc à privilégier.
Traitement de la rupture du ligament croisé antérieur par ligamentoplastie
L’un des traitements chirurgicaux de la rupture du ligament croisé antérieur est la ligamentoplastie. Cette technique consiste en un remplacement du ligament croisé rompu par une prothèse intra ou extra-articulaire. Cette technique n’est pas préconisée lors de rupture partielle chronique mais est réservée aux cas de rupture d’origine traumatique. La récupération après une ligamentoplastie est assez longue et le résultat optimal est noté 4 à 8 mois après l’intervention. L’hydrothérapie facilite une récupération plus rapide et est vivement recommandée.
D’autres techniques chirurgicales permettent une récupération plus rapide. Le nivellement de plateau tibial et l’avancement de la tubérosité tibiale font l’objet d’une fiche spécifique.
Quel est le pronostic lors de rupture du ligament croisé ?
La rupture du ligament croisé bénéficie d’un pronostic très bon à excellent lors de prise en charge précoce. Lorsque la prise en charge chirurgicale est différée, l’installation de l’arthrose influe sur le pronostic. L’intervention la plus précoce est donc recommandée. L’absence de lésion méniscale est associée à une récupération clinique plus rapide.
La TPLO et la TTA autorisent une récupération clinique plus rapide que la ligamentoplastie.
Dans tous les cas, la physiothérapie permet une récupération plus rapide et optimise l’évolution clinique postopératoire.